Il ne se passe pas une journée sans que nous n'entendions parler de l'impact de l'Intelligence Artificielle sur nos métiers.
Je fais partie des personnes qui pensent que dans nos métiers de coachs, consultants et formateurs, l'IA fait voire fera bientôt mieux que nous, si nous ne changeons rien à notre pratique.
Le challenge
S'adapter ou mourir. C'est une loi bien connue. L'antidote à notre portée, c'est l'apprentissage. Grâce à la neuroplasticité, notre cerveau a la capacité de se modifier et se réorganiser tout au long de la vie, en créant de nouvelles connexions entre les neurones. Plus on pratique une activité avec attention, plus les circuits neuronaux concernés se renforcent. C'est donc une bonne nouvelle, qui nous donne à tous la possibilité de réinventer notre métier.
Pour quiconque maîtrise l'art de bien prompter, et d'entraîner l'IA en lui offrant de bons contenus source, il devient désormais facile de se former, de se faire coacher et conseiller.
Par contre, l'IA ne remplacera jamais la chaleur d'un contact humain réel, ni la perspective unique d’une personne qui a rassemblé, digéré, et transformé la matière brute de son propre parcours.
C’est ce mouvement d’apprentissage profond, incarné et vivant, que l’IA ne pourra jamais simuler. C'est ce mouvement qui permettra aux personnes exerçant mon métier de continuer à apporter de la valeur et de durer. C'est donc mon challenge.
Le paradoxe
Paradoxalement, il n'a jamais été aussi facile et difficile d'apprendre à la fois.
Il y a quelques années déjà, j'ai commencé à m'intéresser plus sérieusement à la question de l'attention et de l'apprentissage. Le constat, c'est que nous vivons dans un monde saturé d'informations, mettant à mal nos capacités cognitives. Newsletters, mails, réseaux sociaux, notifications, agendas surchargés...
Pour notre cerveau, chaque stimuli nous met en alerte, fait exploser notre attention et dérègle notre biologie. Le FOMO - fear of missing out nous pousse à être sur le qui vive pour ne rien manquer. On se transforme en passoire surexcitée et épuisée. Hyperstimulation, beaucoup d'informations qui rentrent, mais qu'arrivons-nous vraiment à intégrer ? Comment ancrer ce que nous lisons, ce que nous entendons ?
Entre curiosité et focus pour apprendre
Cette question m'a conduite à explorer différentes approches. L'univers du Lean et du Kaizen, bien sûr, qui fait atterrir le savoir dans les standards. Quand on comprend vraiment leur puissance, il y a un avant et un après - j'en parlerai dans de prochains articles.
L'approche que je voudrais partager ici nous vient d'un livre que j'ai découvert il y a 18 mois, écrit par l'Américain Tiago Forte : Build a Second Brain. Il nous ramène dans le monde du Personal Knowledge Management et des systèmes que nous créons pour gérer nos connaissances, en soutien de notre cerveau biologique. Parmi les modèles qu'il nous partage, on trouve celui-ci.

Capturer
On l’a dit : nous sommes bombardés d’informations. Capturer, c’est notre première ligne de défense pour mettre de la conscience sur les sources auxquelles on accorde de l'attention, pour laisser entrer de l'information de qualité. Le pare-feu à l'entrée.
Que ce soit en réunion, en lisant un livre, en écoutant une émission ou dans une conversation, on peut décider de ne conserver délibérément que ce qui a de la valeur - ce qui est utile, ce qui résonne par rapport à nos enjeux, nos projets, nos valeurs. En faisant cela, on commence à diriger notre attention.
A mon niveau, cela a commencé par cartographier les types de contenus à l'entrée (conversations, idées, réflexions, auteurs de référence, podcasts, médias,...) et créer des systèmes de capture pour amener à moi l'information utile, en laissant le reste de côté.
Organiser
Cet afflux d'information doit ensuite être ordonné. L'erreur habituelle, c'est de classer pour classer. Gaspillage ! Ce que l'on veut, c'est que ces informations nous soient réellement utiles pour nos projets en cours et à venir, et dans nos activités récurrentes. Il faut donc concevoir un système d'organisation permettant d'avoir les bonnes informations au bon moment pour les bonnes activités.
Vous vous demandez peut-être à quoi sert tout cela, à l'heure où l'IA peut nous sortir une synthèse toute faite si on lui prompte bien notre recherche. Ce qui est en jeu ici, encore une fois, c'est la sauvegarde de notre capacité à apprendre.
Pour ma part, j'ai réordonné mon système de classement suivant un autre modèle partagé par Tiago Forte : PARA - Projects, Areas, Ressources, Archives. Les informations capturées sont dispatchées sous forme brute ou d'annotations dans ce système de classement évolutif, prêtes à l'usage.
Distiller
C'est là que la convergence et la concentration commencent vraiment à opérer, à condition encore une fois de construire un bon système pour cela et d'être discipliné dans sa maintenance.
Le but n’est pas de tout garder, mais de distiller l'essence des contenus acheminés dans son système de classement.
Par exemple, si j'ai intégré 5 articles dans mon dossier "Projet de création de blog", à moi de les décortiquer pour ne garder qu'une note contenant l'essentiel. Petit à petit, on enrichit ainsi ses standards et sa bibliothèque personnelle de savoirs utilisables.
Au passage, j'ai expérimenté plusieurs outils pour m'aider à acquérir ce schéma de pensée. J'ai arrêté mon choix sur Obsidian qui m'a fait faire un bon en avant, par sa capacité à faire émerger des liens entre des concepts et approches a priori très éloignées.
Exprimer
Toute cette mécanique ne sert pas à accumuler, mais à agir. Passer de "je stocke, j'emmagasine" à "je créée, je diffuse". La création permet de réutiliser et combiner son savoir de multiples manières : écrire un article ou un livre, donner une conférence, enseigner, construire un produit,... C'est la remobilisation d'un savoir qui permet de l'ancrer, d'apprendre et de la transformer en quelque chose d'utile. C'est un acte de transmission qui bénéficie à d'autres. C'est un processus qui transforme ce que l'on apprend en contribution.
C'est ce qui fera la différence demain entre ceux qui utilisent passivement l'IA et ne savent plus réfléchir et apprendre par eux-mêmes, et les autres.
La démarche de création est un acte profondément humain, qui nous fait exister.
La vocation de ce blog
Ce processus - capturer, organiser, distiller, exprimer - m’a ouvert une voie pour ancrer, connecter et mobiliser mes connaissances dans la vie réelle, faire émerger ma propre perspective et continuer à apporter de la valeur via mon métier.
Il trouve ses racines dans la méthode Zettelkasten ("boîte à fiches") amenée par le sociologue allemand Niklas Luhmann (1927–1998), comptant plus de 70 livres et 400 articles à son actif.
Il fait écho à l'approche 5S, qui aide chacun à prendre soin et possession de son environnement de travail, dans un cadre épuré, ordonné, bien maintenu et en amélioration constante.
Dans le fond, tout cela parle de la même chose : s'entraîner à apprendre, à mieux vivre, à transmettre.
Ce blog est né de ce besoin. Avoir un lieu pour écrire, apprendre et transmettre ce que j’explore avec mes clients et partenaires, dans mes lectures et au fil de mes projets. Enrichir continuellement mes savoir faire pour en faire bénéficier mes clients et partenaires.
J’espère qu'il vous sera utile. Filtrez le avec CODE pour ne prendre et n'utiliser que ce qui vous parle ! Et échangeons pour partager, être mieux équipés face aux défis du quotidien et donner vie aux projets qui nous tiennent à coeur.