Bienvenue dans mon univers

Si vous êtes ici, c'est que vous souhaitez en savoir plus sur moi et ce qui m'a amenée à faire ce que je fais aujourd'hui. Peut-être que mon histoire vous parlera, et vous donnera envie d'écrire la vôtre.

Je vous propose deux formats pour me découvrir, en deux minutes ou en vingt minutes. Bonne lecture et merci d'être là !

Moi en 2 minutes

Je ne suis pas consultante Lean, ni coach, ni formatrice. Pas seulement.
Mon métier s’est forgé au fil de ma formation en sciences humaines et sociales, et de mon parcours sinueux dans le secteur public, le conseil, l'assurance et l'industrie. Une expérience de terrain, de bifurcations, d'essais et d'erreurs.

Aujourd’hui, je m'efforce d'aider les dirigeants et leurs équipes à mettre en lumière ce qui fait tenir leur entreprise debout, ce qui la ronge sans qu’on ne le voie venir, pour avancer en confiance.

Mes amis ayant visité mon blog en avant première m'ont partagé l'archétype auquel ma présentation leur faisait penser. J'ai eu droit à anthropologue, exploratrice, analyste, soignante, travailleuse acharnée... Il est vrai que j'ai du mal à qualifier mon métier !

J'aime aller au contact de ce qui se joue pour chaque acteur sur son terrain, pour observer sa réalité avec ses yeux, et questionner, étudier, relier. Je cherche à comprendre comment les personnes, les règles, les rites, les systèmes et les croyances interagissent dans un contexte donné. Je tente de décoder ce qui se dit et ce qui ne se dit pas, ce qui se voit et ce qui reste caché, les résistances et dynamiques en jeu. J'explore en quoi les réussites mais aussi les pertes financières, les manques à gagner, les gaspillages, les blocages et les tensions humaines que l'on constate aujourd'hui en sont le fruit. Et j'adore plus que tout voir les personnes vivre des déclics suivis de moments aha, balayer leurs obstacles, oser passer à l'action et entraîner d'autres à leurs côtés.

Ce n'est pas une méthode toute faite, mais une démarche d'apprentissage et de transformation. C'est un travail de fond que je mène dans un format "compagnonnage à partir du terrain" avec les dirigeants et leurs équipes, pour leur permettre de se doter de clés de lecture plus solides, d'y voir plus clair, de prendre de bonnes décisions pour leur entreprise et d'avancer main dans la main avec toutes leurs parties prenantes - clients, fournisseurs, partenaires, actionnaires, institutions et acteurs du territoire environnant.

Chacun son cap et son chemin : il n'y a pas de voie toute tracée. A nous tous de construire notre propre histoire !

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Photo by Dariusz Sankowski / Unsplash

Moi en 20 minutes

Ancrée dans mes racines

J'ai coutume de dire que pour avancer dans la vie, on a besoin d'appuis solides. Nos racines en font partie. Les miennes sont une ressource précieuse.

Je suis née dans une petite ville d'Alsace, qui reste mon "chez moi" même si je n'y vis plus depuis mes 18 ans. Petite fille d'agriculteurs, de géomètre et de résistant, fille de professionnels de santé et aînée de la fratrie, j'ai grandi dans une famille où le sens du travail, des responsabilités et de l'attention aux autres s'est transmis naturellement.

De cette histoire, j’ai hérité d’une forte exigence envers moi-même. J’ai été bonne élève, sérieuse, cherchant toujours à mieux faire. Une posture qui m’a permis d’avancer, de réussir beaucoup de choses. Mais qui m’a aussi poussée, parfois, à en faire trop, à croire que je devais tout prouver.

On ne détricote pas les schémas appris du jour au lendemain. Mais on peut apprendre à les apprivoiser et à les transformer en appuis. Le challenge d'une vie !

Ce que le tennis m'a appris

À 11 ans, j’ai eu envie de commencer le tennis, sans savoir que cela deviendrait l’une de mes plus grandes écoles de vie. Deux ans plus tard, poussée par mes entraîneurs, je me suis lancée dans la compétition.

J'ai pris mon entraînement en main chaque jour. J’alternais course de fond, fractionné et jeu. J’ai appris à me fixer des buts, à répéter les exercices donnés par mes profs, à décortiquer mes matchs, à mieux comprendre mon jeu et celui de mes adversaires. Je progressais, je grimpais en classement… jusqu’à rencontrer mon vrai plafond : mon mental.

J'en ai retiré une vérité fondamentale : au tennis comme dans la vie, notre premier adversaire, c’est nous-même. Si je perds, je peux toujours chercher des excuses, me plaindre, me déclarer victime. Cela ne changera rien. En match, je suis seule sur le terrain et ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

J’ai compris que si je voulais progresser, il allait falloir que je m'accroche et que je m'engage dans un travail de fond fait de discipline, de remise en question et de persévérance. Mais que cela ne suffirait pas si en parallèle, je ne travaillais pas ma pleine présence en match. Savoir m'adapter au jeu de l'autre plutôt que de répéter les mêmes recettes. Savoir serrer le jeu avec précision et lucidité aux moments décisifs, en activant les bonnes ressources. Un combat contre la peur de perdre et pour le plaisir d'apprendre - que c'est dur !

En chemin, j'ai enfin pu construire ma propre compréhension du respect. Respect de moi-même, de mes aspirations, mes valeurs, mes limites. Respect de mes entraîneurs, qui me bousculaient car ils croyaient en moi. Respect de mes adversaires, car pour qu'un beau match existe, il faut être deux. Le tennis est une co-construction, pas une simple compétition. J’ai grandi en voyant émerger le trio mythique Nadal, Federer, Djokovic. Trois tempéraments, un respect immense. Ensemble, ils ont élevé le tennis à un niveau inégalé et montré que l’excellence se construit à plusieurs.

Ces enseignements discrets mais profonds me guident encore aujourd’hui.

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Photo by Matthias David / Unsplash

Refus des cases, envie d'ouverture

Au lycée, je me suis heurtée à l’absurdité de l’orientation : comment choisir un métier sans l’avoir jamais pratiqué ? Je m'intéressais à tout. J’aimais toutes les matières. Par défaut, j'ai suivi la voie tracée : un bac Scientifique. Avec option Sciences de la Vie et de la Terre, par mimétisme sans doute avec mon modèle parental, mais aussi par goût sincère pour la science et le vivant.

Quelle voie emprunter après le Bac ? La Terminale a été une année de torture en termes de choix. Je ne voulais pas rentrer dans une case. Je cherchais une formation qui m’ouvre, pas qui m’enferme.

Face à mon désarroi, mon conseiller d'orientation m'a parlé de Sciences Po. Parce qu'à ses yeux, c'était le seul endroit où je pourrais trouver cette ouverture. Je lui ai fait confiance.

Traverser l'histoire

Le concours d'entrée à Sciences Po n'était pas une mince affaire. Pour m’y préparer, pas question de suivre la voie classique des prépas concours : trop de bachotage. J'ai choisi l’université et la discipline qui oblige à poser les pieds dans le temps long : l’histoire.

En un an, j’ai traversé plus de 5000 ans d’humanité : l’Égypte, la Grèce et Rome, le Moyen Âge, la Renaissance, l’expansion coloniale, la révolution industrielle, les conflits mondiaux… jusqu’à aujourd’hui. J’ai pris une claque et me suis sentie toute petite.

Cette année m’a appris à regarder autrement.

  • À adopter une vue d’ensemble tout en plongeant dans le détail, pour comprendre les systèmes et leurs interdépendances.
  • À replacer chaque événement dans son propre contexte, en résistant à la tentation des interprétations déconnectées du réel.
  • À interroger les récits sans me laisser aveugler, en étudiant les sources et en cherchant à distinguer les croyances et les faits.

J'en retire aussi un devoir de mémoire : se souvenir des erreurs du passé, faire vivre les enseignements des femmes et des hommes qui ont marqué leur temps, et chercher comment les ramener dans notre présent avec discernement.

L'école de la pluridisciplinarité

Septembre 1999 : l'heure du concours a sonné. Quelques semaines plus tard, le facteur m'a livré un courrier de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. J'ai attendu un long moment avant de l'ouvrir... pour découvrir que j'étais admise.

Pour tout dire, je m'étais préparée à échouer et à reprendre la suite de mes études d'histoire à Strasbourg. J'ai eu une semaine pour démonter ce plan, quitter ma petite ville d'Alsace et m'installer à Paris.

Sciences Po a été pour moi une formidable école d’ouverture sur la complexité des hommes et de notre monde, au croisement des sciences humaines, sociales, économiques et politiques. J’y ai passé quatre années intenses, entrecoupées d’un séjour d’un an au Québec, où j’ai étudié les trajectoires de développement des pays du Sud — Amérique latine, Afrique, Asie.

A cette époque, j'avais pour projet de m'engager dans l'appui au développement de ces pays. Oui, j'étais idéaliste ! Je croyais à un développement endogène, organique, respectueux de leur réalité et de leur identité propre, hors des logiques imposées par les institutions financières internationales — ces fameux programmes d’ajustement structurel du FMI ou de la Banque mondiale, que je voyais comme des greffes forcées.

Mon auteur préféré était Amartya Sen, prix Nobel d’économie et dont les travaux ont inspiré la création de l'Indice de Développement Humain. Il ne réduisait pas le développement à la seule croissance économique, mais le définissait comme l’élargissement des libertés réelles des individus — ce qu’il appelait les capabilities. Cette approche m’a profondément marquée. Permettre aux personnes, aux territoires et aux organisations de développer leur pouvoir d’agir, c'était pour moi la seule voie légitime.

En fin de parcours à Sciences Po, j’ai réorienté mon choix. Par lucidité. Je ne me sentais pas prête à mener une vie d’expatriée au long cours. Je voulais fonder une famille et être présente, ici, en proximité.

J’ai donc choisi de transposer cette exigence d’un développement respectueux à un autre terrain : celui de nos territoires. J'ai mis le cap sur l'univers des collectivités locales.

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Photo by Kyle Glenn / Unsplash

Contribuer au développement de nos territoires

Encore un concours, et une fois encore, j'ai refusé la voie classique de la prépa bachotage. Je me suis inscrite dans un DESS de gestion et analyse financière des collectivités locales pour mieux comprendre le levier budgétaire, parce que la finance est partout — et que sans elle, rien ne se fait.

J'ai échoué au concours d’administrateur territorial. Mais celui d’attaché territorial m'a laissé entrer.

J'ai postulé dans plusieurs collectivités. Un maire et son directeur général des services ont souhaité me rencontrer, intrigués. "On a beaucoup de projets, mais nos services ne se parlent pas assez. On a besoin d'apprendre à mieux travailler ensemble."

J'ai démarré à leurs côtés en tant que "chargée de mission transversalité". Le maire m'avait prévenue : "Avec les services techniques, ça passera… ou ça cassera. Mais on pense que vous êtes la bonne personne."

J'ai passé deux années riches et profondément formatrices.

  • Sur le terrain, dans la ville, à écouter les habitants, les entreprises, les agents.
  • Dans les coulisses, aux côtés des élus, à guider et comprendre les décisions.
  • Dans le back-office, avec les équipes municipales qui œuvraient dans l'ombre et avec cœur pour faire fonctionner crèches, écoles, bibliothèques, équipements sportifs, services aux personnes âgées ou en situation de handicap, sécurité, entre autres.
  • En coordination de projets structurants, mobilisant services internes et intervenants externes (architecte, maîtres d’œuvre, prestataires informatiques,…).

Avec le recul, j’ai sans doute coché toutes les cases de ce que je cherchais. Mais l'envie de voir plus grand me pressait - impatience de jeunesse, sans doute.

J'ai quitté la mairie pour rejoindre un conseil général. Et là, j'ai découvert un autre univers, plus politique, plus médiatisé, plus lent, plus siloisé, plus éloigné du terrain. J’aidais les équipes opérationnelles à s'équiper de bons indicateurs pour piloter leur activité. Un jour, j'ai reçu un accusé de réception d’un e-mail envoyé à un directeur que j’accompagnais, dans lequel je lui partageais le tableau de bord qu'il m'avait demandé : "Votre message a été supprimé sans être lu".

Au fond, je pense que notre collectivité était trop riche pour avoir le souci d'une gestion économe et de l'amélioration. Je n'avais aucun levier pour transformer mon travail en quelque chose d'utile. Et je refusais d’être payée par l’impôt public pour produire quelque chose qui ne servait à rien. J'ai pris un temps d’arrêt. J'avais trois options devant moi :
1/ Rester, avec le risque de perdre la flamme,
2/ Changer de collectivité, avec le risque de rejouer le même scenario,
3/ Changer de voie.

J'ai décidé d'explorer la 3e option et de rejoindre un grand cabinet de conseil, pour accompagner la transformation des organisations publiques.

Accompagner les dynamiques de transformation

Une fonctionnaire débarquant dans un cabinet "Big 4", ce n’était pas commun. Mais j’ai aimé ce grand écart. J'ai découvert un environnement exigeant, rigoureux, sélectif. Up or out donnait le ton et le mode d’emploi : "soit tu montes en grade, soit tu sors du cabinet".

J’ai eu la chance d’accompagner plus de 30 clients — dans des structures publiques et privées très diverses — avec des approches 100 % sur mesure. J’ai aimé l’adrénaline du développement commercial, le soin apporté aux clients, le casse-tête des projets complexes, le plaisir de tirer vers le haut les consultants, le dilemme permanent de l’équilibre économique des missions. J’y ai trouvé du challenge, du travail d’équipe et beaucoup de stimulation.

À mi-parcours de cette aventure, j'ai migré à Lyon, pour contribuer au développement de notre activité conseil en région. Nouvelle ville, nouveau terrain de jeu, mais la mécanique restait la même : des missions riches, souvent brèves, qui touchaient aux sujets clés… sans toujours laisser le temps de les ancrer.

Petit à petit, le doute s'est installé. Je sentais monter une forme de frustration : diagnostics trop déconnectés du terrain à mon goût, interventions sans réel accompagnement dans la durée, contraintes budgétaires empêchant d’aider vraiment nos clients.

Après six ans d’engagement, j’avais besoin de revenir dans la vie réelle d’une organisation, pour accompagner les transformations de l’intérieur.

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Photo by Jenna Lee / Unsplash

Le mal insidieux qui ronge nos entreprises

Je me suis engagée dans deux entreprises de service successives, à des postes d'appui aux transformations.

J’y ai retrouvé ce que j'aimais déjà : mettre de l'huile dans les rouages, en aidant les équipes à se parler, à nommer leurs enjeux, à clarifier leurs objectifs, à avancer avec méthode, à changer peu à peu leurs habitudes.

J’ai pris plaisir à guider le contrôle de gestion et les démarches qualité (et à en percevoir les limites), les projets de fusion et de réorganisation, l'étude des réclamations clients, ou encore la formation des équipes pour fluidifier leurs processus et faciliter leur travail.

Mais j’ai aussi buté. J'ai commencé à voir que les entreprises se piégeaient elles-mêmes. On perdait de vue le client, on s’habituait à l'inutile et au mode dégradé, on s'enlisait dans des ralentissements, on se fragilisait. Et c'étaient la fierté du travail bien fait, l’esprit d’équipe, la joie de satisfaire le client et la capacité à durer qui s’éteignaient doucement. Avec, consécutivement, une érosion des marges. Tout cela, sans que personne ne l'ai vraiment voulu.

Les mécanismes bureaucratiques et financiers étaient là, tapis dans l’ombre. Et ils finissaient par user même les plus solides. Nous méritons mieux !

Je ne suis pas du genre à m'habituer au statu quo. J'ai voulu étudier ces impasses et chercher des remèdes.

Le Lean comme antidote ?

Sur mon temps personnel, j'ai décidé d'aller me former en m'inscrivant à un diplôme universitaire sur le management de la santé et de la qualité de vie au travail. Je voulais comprendre pourquoi le travail produisait du non sens, ce qui pouvait le rendre vivable, digne, enthousiasmant, et quels liens cela entretenait avec la performance réelle.

Dans ma formation, une idée revenait souvent : "Les gens ne vont pas bien dans les entreprises à cause de leurs dirigeants". Au fond de moi, je me disais que si l’on continuait à raisonner comme ça dans notre pays, on ne s'en sortirait jamais. Oui, nous sommes un pays d'anarchistes. Mais pointer du doigt en mode "lutte des classes" ne nous mènerait nulle part.

J’ai donc pris le contre-pied. J'ai choisi de consacrer mon mémoire à un sujet encore peu exploré : la santé au travail des chefs d’entreprise, et plus particulièrement, des PME. Dans mon hypothèse, pour qu'une entreprise réussisse, il fallait que le dirigeant tienne debout, qu'il soit lucide, qu’il ait l’énergie d’embarquer, la capacité à décider. Sa santé était, à mes yeux, un actif stratégique. Mais il tiendrait debout si son entreprise se portait bien. Je voulais approfondir ce noeud.

C'est à ce moment-là que trois événements quasi simultanés m’ont ouvert les yeux.

Le premier déclic était issu de ma recherche. J'ai découvert que ce qui semblait protéger la santé des dirigeants d'entreprise, c’était leur autonomie de décision. Que ce qui semblait la menacer, c’était la montagne de problèmes quotidiens qui remontaient à eux, les dispersait, les empêchait de se concentrer sur l'essentiel.

Le deuxième déclic a eu lieu lors de la rencontre avec un coach Lean. J'avais déjà croisé la route de l'approche Lean 10 ans plus tôt, dans mes années en cabinet de conseil. Mais on m’en avait donné une version appauvrie : un outil de réduction de coûts, où jamais il n’était question de respect des personnes. J’avais alors fermé la porte. Mais ce coach m’a montré une autre voie.

Il m’a orientée vers les racines du Lean, à sa source : un assemblage ingénieux de différentes "briques" et influences, développé tout au long de l’histoire de Toyota. J'ai commencé à creuser et suis tombée sur un MOOC d'initiation au Lean proposé par l'Association Progrès du Management (APM). J'y ai découvert un système profondément cohérent construit autour de principes universels : satisfaire les clients en leur livrant la juste valeur, tout en facilitant le travail des équipes, en révélant les problèmes comme leviers d’apprentissage. Le Lean tel que je le découvrais là n’avait rien à voir avec la mécanique froide qu’on m’avait montrée. Il répondait directement aux constats de mon mémoire et de mon expérience dans mes différentes missions.

Le troisième déclic profond a eu lieu lors d'une scène sur le terrain, que je n’oublierai jamais. J’étais missionnée pour accompagner la digitalisation des courriers clients. Au cours de ma première journée avec l'équipe chargée de réceptionner le courrier, j'ai vu un collaborateur ouvrir des e-mails de demande de souscription d'assurance santé et prévoyance, imprimer toutes les pièces jointes, se lever, aller au scanner pour les numériser, puis jeter la pile de papier à la benne. Imprimer, scanner, jeter : cette pratique durait depuis des mois.

Pourquoi ? Parce que l’outil informatique ne reconnaissait que les courriers scannés, pas les e-mails. La décision d’accepter les demandes des clients par e-mail avait été prise sans penser à adapter les systèmes, et personne n’avait reconnecté les acteurs concernés pour résoudre le problème. Résultat : un travail absurde, du papier gaspillé, des collaborateurs démobilisés, des clients ralentis, de l'argent mis à la poubelle, et un signal clair. Je me suis demandée comment on avait pu en arriver là et pourquoi ce gâchis monumental ne faisait réagir personne.

Ce jour-là, j'ai compris que moi aussi j'avais sombré : petit à petit, sans m'en rendre compte, je m'étais transformée en bureaucrate éloignée du terrain. Nous croyons monter des systèmes pour fluidifier les circuits d'information. Mais en réalité, nous montons des murs et des silos pour éviter d'avoir à nous parler - trop d'effort, trop conflictuel. Tout est fait pour nous maintenir dans notre bureau, à distance du terrain. Ou pour aller sur le terrain, sans réellement regarder. Et tout le monde se fragilise. Je me suis demandée si le Lean, dans sa forme respectueuse, pouvait être l’antidote de ce fléau.

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Photo by Vladimir Fedotov / Unsplash

Tout réapprendre

Avec le soutien de mon employeur, j’ai fait un choix radical.

Je voulais tout reprendre à la base. Quitter l'univers feutré des services et m’immerger dans une réalité industrielle pour mettre les mains dans le cambouis avec ceux qui font. Changer ma manière de voir la performance. Comprendre en quoi les principes Lean pouvaient aider à (re)donner du souffle à nos entreprises. Et préparer mon projet entrepreneurial.

J'ai quitté mon CDI et signé un contrat de professionnalisation d’un an dans le cadre du Mastère Spécialisé Manager de l’amélioration continue d'ECAM LaSalle. Je voulais arpenter le terrain d'une usine. J'ai rejoint une équipe de conditionnement en co-activité sur un site de l’industrie chimique.

Je n'ai pas été déçue : j'ai perdu tous mes repères ! Mais gagné, sans doute, la meilleure année de ma vie professionnelle.

Des défis concrets à relever pour satisfaire le client en prenant soin des équipes : plus de sécurité, moins de pénibilité, moins de défauts, plus de facilité dans les opérations de changement de série, plus de maîtrise des réglages techniques des machines face aux variations des produits.

Avec les contraintes de la vraie vie : cinq équipes tournant en 5x8, zéro temps pour se réunir, zéro mail, zéro téléphone, et des écarts de compréhension, d'expression et de lecture entre collègues.

Je n'étais ni technicienne, ni ingénieure, ni issue du monde industriel. Je n'avais donc qu'une seule option pour les aider : camper sur le terrain. Observer, questionner, vivre leur travail à leurs côtés, réfléchir ensemble, leur donner envie de tester des changements.

Le terrain m’a appris l’essentiel. Il est notre meilleur professeur. Il montre ce qui bloque, ce qu’on n’a pas vu venir, ce qu’on a mal décidé. Il est le juge silencieux des erreurs de conception et des décisions prises trop loin de la réalité. Si j'avais compris cela avant, j'aurais eu des clés pour éviter bien des fausses routes.

J’ai aussi compris que le changement ne va jamais plus vite que le rythme auquel les personnes sont prêtes à apprendre. Et que le rôle d’un dirigeant et d'un manager, c’est de créer les conditions donnant envie à chacun de se développer sur les bons sujets pour l'entreprise, sans brûler les étapes. Cela suppose une posture nouvelle : savoir créer de bons systèmes dans lesquels les personnes peuvent réussir, et devenir mentor, coach, formateur pour inspirer, susciter les déclics et entraîner chacun dans l'approfondissement de ses capacités.

Dans la continuité de ce chemin, je me suis formée au coaching, ai plongé dans les neurosciences et l'ingénierie pédagogique pour mieux accompagner ce mouvement.

Mes débuts d'entrepreneure

Je me suis lancée dans l'entrepreneuriat avec une mission claire : aider les dirigeants d'entreprise à garder le cap et à construire des entreprises d’exception.

Parce qu'à mes yeux, une entreprise est un objet social et vivant, poumon d’un écosystème contribuant au développement humain, à la vitalité de nos territoires et à la richesse de notre pays. Dans une société de plus en plus individualiste, elle reste l’un des derniers espaces dans lequel on peut encore construire du collectif, du sens, du "vivre ensemble". S'en occuper est un enjeu de société.

Une entreprise d’exception, pour moi, c’est une entreprise qui cherche à faire réussir toutes ses parties prenantes — clients, collaborateurs, partenaires, actionnaires, générations futures — sans en sacrifier aucune, et sans gaspillage de ressource.

Ce n’est pas une équation simple. C’est une quête d’équilibre permanent, qui suppose de refuser le statut quo, de mettre les dilemmes apparemment insolubles en discussion et de (re)construire la confiance, pas à pas. Le dirigeant d'entreprise est à la tête de ce challenge. Il doit être soutenu.

Mes débuts d'entrepreneure n'ont pas été de tout repos. Je ne percevais pas encore que cette aventure allait agir comme un boomerang accélérant la confrontation de mes angles morts.

J'ai voulu créer une entreprise avec du monde à bord - et j'ai échoué. Entourée d'une super équipe d'alternants et de stagiaires pour m'aider à lancer l'offre d'accompagnement et de formation de Sagitao, il m'a fallu 14 mois pour voir ce que d'autres avaient déjà compris. Tant que le produit, c'est moi, impossible de décoller. J'étais le goulot.

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Photo by JESHOOTS.COM / Unsplash

Le mur des angles morts

J'ai pris conscience du monde qui sépare le salariat et le freelancing, de l'entrepreneuriat destiné à bâtir une entreprise.

J'ai également compris que ce qui m'avait sans doute aidé à avancer jusqu'à présent serait désormais mon plus grand frein. Le perfectionnisme est un obstacle subtil au progrès réel et un rongeur de vie : il pousse à en faire toujours plus, et empêche de se lancer, de tester, et finalement, d'apprendre.

"Economie du geste et excellence en coaching" : c’est le sujet que la dirigeante de mon école de coaching m’a proposé d’explorer il y a quatre ans en observant ma pratique. Clin d'oeil challengeant !

Apprendre à transformer le savoir en action concrète créant de la valeur, plutôt que d'accumuler et de déverser le savoir pour le plaisir de savoir et de prouver que je sais... en en rajoutant toujours plus.

Apprendre la posture "high visibility, low availibility", enseignée par l'un de mes plus grands mentors : faire ce qui est juste nécessaire et suffisant, parler avec minimalisme et impact, laisser la place à l'autre pour ouvrir son espace de déclic et d'apprentissage.

Apprendre à dire à mes clients "je ne sais pas, on va chercher ensemble".

Je ne suis pas tombée dans le Lean par hasard... Il est devenu mon antidote dans mon propre développement personnel et entrepreneurial. "Retourner l'arme contre soi", m'avait glissé un autre de mes mentors. C'est exactement cela.

On ne peut pas enseigner à d'autres ce que l'on ne s'applique pas à soi-même. L'exemplarité faite d'humilité est le rempart à l'imposture.

Construire ma propre maison tout en oeuvrant avec d'autres, pour porter ma perspective

J’ai choisi de continuer seule à bord, tout en me rapprochant d’alliés. J’ai collaboré avec d’autres structures, pour comprendre peu à peu ce qui est vraiment juste pour moi : là où se croisent ce que je sais faire de mieux, les problèmes les plus importants auxquels je peux répondre, les personnes qui ont réellement besoin de moi, et ce à quoi je veux profondément contribuer.

Peu à peu, j’ai mis au jour les "lunettes" construites tout au long de mon parcours, et qui orientent la manière dont je regarde le monde qui m'entoure :

La réussite naît d’un double mouvement de confiance : la confiance en soi ET la confiance mutuelle.
Ce mouvement ne se décrète pas. Il se construit, par l'attention au terrain, la qualité au bon rythme et l’apprentissage continu.

C’est cette perspective, décrite plus largement dans mon Manifeste, que je souhaite faire vivre chaque jour.

Dans ma “maison Sagitao”, que je construis avec et pour les dirigeants d’entreprise qui veulent bâtir des écosystèmes de confiance, grâce à différentes activités :

  • L'accompagnement en format "dojo" : j'entraîne chacun à aller sur le terrain, là où les problèmes réels bloquent les équipes, les clients, les partenaires. A animer des conversations constructives et faire sauter les cloisons. A se mettre d'accord sur les challenges d'apprentissage à relever. A orienter et soutenir chaque personne et chaque équipe dans leur progression.
  • L'animation de cercles de pratique : j'organise des groupes d'apprentissage entre pairs, pour partager les dilemmes, réfléchir à ce que "bien faire" veut dire dans la réalité de chacun, et progresser ensemble.
  • L’étude approfondie : je poursuis mes lectures et recherches sur les racines du Lean et du Kaizen, la pédagogie, le coaching, la psychologie, l'économie, le marketing... pour muscler mes théories, relier mes expériences, affiner mes standards et transmettre des modèles qui me semblent justes et utiles aujourd'hui.
  • La recherche & développement : je fais mûrir plusieurs projets pour faire évoluer mon offre et proposer des formats d’entraînement simples, concrets, centrés les vrais problèmes que je vois autour de moi.
  • L'écriture : je documente ce que j’apprends sur ce blog, sur LinkedIn et bientôt, dans un livre. Pour transmettre plus largement ce que m’ont appris ces années de terrain, d’étude et d’engagement.

Dans les “maisons alliées”, développées par mes partenaires et les collectifs auxquels je crois.

  • Je m'investis au sein du Centre des Jeunes Dirigeants, de l’Institut Lean France, des collectifs Learning to Scale, Lean Sensei Partners et Ecam LaSalle.

Et demain ? Je continuerai à faire évoluer cette perspective à travers les projets futurs qui naîtront des rencontres, des opportunités, et des apprentissages que la vie mettra sur mon chemin.

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Photo by Van Peng / Unsplash

Merci de m’avoir lue jusqu’au bout !

J'espère que mon parcours aura pu vous inspirer quelques déclics.

Si vous souhaitez me suivre, vous pouvez :

  • Vous abonner à mon Blog, pour être informé(e) des prochains articles
  • Lire mon Manifeste, dans lequel je partage ma vision de l'entreprise et de la vie
  • Me suivre sur LinkedIn, où je publie 3 fois par semaine
  • M'écrire sur mon e-mail c.flex@sagitao.fr
  • Réserver un créneau dans mon agenda, pour échanger de vive-voix

A bientôt,
Camille.